Je vois beaucoup d’articles sur la façon dont il est possible d’apprendre à un enfant à « contrôler » ou « gérer » ses émotions.

J’en vois peu sur l’attention que nous pouvons porter à notre enfant en l’aidant au préalable à exprimer ses émotions.

Dans beaucoup de familles, les émotions sont encore un sujet tabou. Exprimer sa colère, sa peur, ses angoisses ou sa tristesse est parfois difficile pour un enfant car il peut avoir l’impression d’être rejeté, incompris ou moqué. C’est souvent involontaire de la part des parents ou frères et sœurs , ce n’en est pas moins vécu comme une souffrance par l’enfant qui tente de s’exprimer. Dans certains cas, l’expression peut être favorisée à la maison, mais rejetée à l’école par l’enseignant lui même ou dans la cour de récréation créant ainsi pour l’enfant une forme de double contrainte psychologique très néfaste pour son développement émotionnel. Or, à force de ne pas être entendu, reconnu comme sujet souffrant, l’enfant peu développer la croyance qu’il est nuisible voire dangereux d’exprimer ses émotions.

ttA quel moment dois-je m’alerter et interroger mon enfant ? Tous les enfants ne vont pas spontanément exprimer les difficultés qu’ils rencontrent. Certains sont spécialistes dans le fait d’endurer leur souffrance en silence. Je me souviens de mon propre enfant en primaire qui souffrait depuis plusieurs mois en silence de harcèlement de la part d’un groupe d’élèves. Ce n’est qu’un jour, alors que je l’attendais à la sortie de l’école qu’un de ses camarades est venu m’informer que mon fils était victime de harcèlement. J’ai été plus que surprise, car je n’avais rien vu. Cela faisait plusieurs semaines qu’il était harcelé et son comportement à la maison n’avait pas changé ! La maîtresse le disait extraverti, dans la lune, faisant le pitre en classe mais n’avais rien vu non plus de ce qui se passait dans la cour de récréation. Lorsque enfin rentrés à la maison nous avons abordé le sujet avec son père, il s’est effondré, nous révélant l’ampleur des dégâts tant émotionnels que sur sa confiance en lui. Dès lors, il ne voulait plus aller à l’école et les vacances scolaires arrivant, nous avons pris les mesures nécessaires pour qu’il soit mis en sécurité. Mais le mal été fait et il a fallut quelques séances de thérapie pour qu’il recouvre confiance et estime de soi. A l’époque, je n’étais pas formée en sophrologie et ne connaissait pas la mine d’or que cette méthode douce propose comme support d’expression.

Pour revenir sur le moment ou il convient de s’alerter, c’est de fait difficile, car il n’y a pas de règles. Une évidence est que si vous observez un changement dans le comportement de votre enfant, une diminution de sa joie de vivre, des comportements compulsifs tics nerveux, tocs de répétition, évitement, déprime, énurésie, mutisme, il est nécessaire d’aborder avec lui le sujet de ses ressentis.

Là encore, tout est bon ou presque pour amener un enfant à exprimer ses ressentis émotionnels. Selon son âge, vous pouvez utiliser de nombreux supports autres que la discussion directe que vous pourrez privilégier à l’adolescence. Dès le plus jeune âge, vous pouvez apprendre à votre enfant qu’il est utile, bénéfique et normal de parler des ses émotions. Lorsque vous avez pris l’habitude de les exprimer d’une manière verbale ou non verbale, vous vous donner les moyens de ne pas les laisser prendre le dessus sur votre mental. Votre adulte vous en remerciera.

Le dessin

Organisez avec lui un moment de calme ou il va lui être demandé de dessiner sa journée en y mettant toutes les émotions (peurs, tristesse, joie, colère) qu’il a ressenti dans la journée. Portez ensuite attention au résultat et interrogez le en nommant les émotions qu’il a dessiné « Je vois que tu as dessiné la colère…A quel moment cela s’est passé, ressens tu encore de la colère a présent, est-ce une émotion que tu ressens souvent, etc. ? » 

Le jeu

Si votre enfant n’aime pas dessiner, vous trouverez de nombreux jeux éducatifs tels que les jeux de cartes des émotions avec lesquels l’enfant va pouvoir s’exprimer.

Les histoires

Rares sont les enfants qui n’aimes pas les histoires. Là encore vous en trouverez de nombreux au sujet des émotions selon l’âge qui lui permettront d’une part de mettre en miroir ses propres difficultés et d’engager la discussion avec vous d’autre part.

Parfois, il est difficile pour un parent d’accompagner soi même son enfant lorsqu’il souffre. On sait naturellement panser les blessures physiques, et même nos paroles de réconfort peuvent parfois être insuffisantes. Ne vous culpabilisez pas. Les jeux de relation parents/enfants ne nous permettent pas d’être sur un pied d’égalité avec notre enfant et nous rendent la tâche naturellement plus difficile qu’avec une tierce personne.

Si rien de ce que vous avez essayé de mettre en place ne fonctionne ou si votre enfant est demandeur d’une aide extérieure, n’hésitez pas à consulter un/e professionnelle de la gestion des émotions (pédopsychologue ou sophrologue). Bien souvent, quelques séances en tête à tête avec le /la thérapeute permettra à votre enfant d’évacuer sa douleur et d’apprendre les outils de communication verbale et non verbale qui lui seront utiles tout au long de sa vie.

Elodie à pu dès les premières séances trouver les mots pour parler à son entourage professionnel et familial pour expliquer sereinement les difficultés qu’elle traversait. Elle a obtenu à force de volonté que son poste soit revu en fonction de ses aspirations personnelles et son employeur lui a proposé une formation qui lui permettra de mettre en avant ses qualités relationnelles. Du côté personnel, elle a retrouvé des relations apaisées avec son conjoint et ont le projet d’un voyage en « amoureux » pour renouer avec un amour « joyeux ».

L’amour et l’attention que vous portez à votre enfant, sont le terreau indispensable à son bien être émotionnel, mais ne sont pas suffisants. Lorsque vous lui donner en plus la possibilité et les moyens d’exprimer son bien être comme son mal être sans les juger et sans culpabiliser vous même, vous l’amenez vers une maturité affective qui lui sera bénéfique et se sera comme un trésor qu’il pourra à son tour généreusement distribuer dans ses relations futures.